jeudi 1 septembre 2011

Je comprends mieux

... ces parents qui secouent leurs enfants, les jettent contre le mur dans un élan de rage ou les étouffent sous un oreiller. Pas que je comprenne qu’un parent puisse faire du mal à son enfant, mais je comprends qu’on puisse être excédé. On ne le dit pas assez souvent ni assez haut, élever des enfants n’est pas facile. Que vous passiez la journée avec eux ou que vous les retrouviez le soir après une journée de travail, il faut garder patience, être à l’écoute, comprendre que l’enfant est fatigué, etc.
Oui mais, vous aussi, parents, vous êtes fatigués, de mauvaise humeur, avez mal à la tête, ou avez passé une mauvaise journée. Les pleurs (ou les cris, c’est selon) de vos enfants vous tapent sur le système, tout autant que le fait qu’ils soient trop fatigués pour manger. Vous voudriez avoir un moment pour vous poser calmement, souffler un peu, ne penser à rien.
On ne le dit pas assez souvent, et on n’ose pas le dire tout haut: parfois, nous en avons marre de nos enfants. Parfois nous voudrions juste souffler un peu. Parfois, nous aurions envie de les laisser se débrouiller tout seuls. Ou même, parfois nous aurions envie de les jeter par la fenêtre. C’est une façon de parler, certes. Mais qui n’y a pas pensé, au moins une fois? Que celui-là jette la première pierre.
J’ai travaillé comme éducatrice spécialisée dans des conditions parfois difficiles. Mais nous avions des collègues à qui parler ou qui prenaient le relais si l’un de nous avait besoin de cinq minutes pour reprendre un peu son souffle, revenir à un rythme de respiration normal. Nous avions des supervisions, un endroit où nous pouvions déposer nos soucis. Nous rentrions le soir et revenions le lendemain matin, même si la coupure ne servait parfois qu’à dormir. Nous pouvions fermer la porte (ou rentrer chez nos enfants fatigués pour ceux qui en avaient). Nous pouvions aussi dire qu’aujourd’hui untel était insupportable, que nous ne pouvions plus le voir en peinture. Puis c’était reparti pour un tour.
Mais les parents, leur permet-on de dire qu’ils en ont assez de leurs enfants, même si ce n’est que pour quelques minutes et qu’ensuite ils les reprendront dans les bras avec amour? Souvent, les parents se sentent coupables d’avoir ce genre de pensées, parce qu’on dit qu’il ne faut pas être excédé par ses enfants, les enfants sont tout le bonheur du monde, on les a voulu alors on les assume, et autres phrases du genre. Sauf que les parents aussi ne sont que des êtres humains, avec leurs forces et leurs faiblesses et surtout leur limites, alors qu’on les laisse avouer que là c’en est trop. Parce que quand on dit ces choses-là et qu’on se permet d’admettre ses limites, on se sent tout de suite beaucoup mieux. Et soudain, on se rend aussi compte qu’on n’est pas seul au monde.
Ma manière de balancer les enfants par la fenêtre? Je les couche. C’est ce que j’ai fait ce midi quand le petit ne voulait pas manger tellement il était fatigué et que le grand a dit de lui-même qu’il voulait dormir (chose qu’il a démentie une fois arrivé dans la chambre). Ensuite, je me suis assise devant mon ordinateur pour écrire ce billet en attendant que ma tante et mon oncle rentrent et qu’on mange, dans le calme, entre adultes.

- Billet écrit le 19 juin 2011 -

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