Aujourd'hui, c'est la journée des femmes. Dans la danse des journées internationales, avons-nous encore le temps de nous arrêter sur l'une ou l'autre des causes qu'elles invitent à défendre? Loin de la question rhétorique, c'est une vraie interrogation. Mais je ne tenterai pas d'y répondre aujourd'hui, je me concentrerai sur les femmes. Je ne vais pas soulever toutes les souffrances des femmes de par le monde, et Dieu sait s'il y en a, dans des pays proches ou lointains du mien, des miens.
Prenons la Suisse (dont je connais mieux les statistiques que celles de la France): les femmes ont leur place dans la société, alors pourquoi s'agiter? Parce qu'il y a encore des choses à améliorer, comme par exemple les salaires. A travail égal, en Suisse, les femmes touchent encore en moyenne 19% de salaire en moins que les hommes. 19%, c'est énorme. Sachant que certains employeurs appliquent l'égalité des salaires, je vous laisse imaginer l'écart dans certains secteurs. Autre exemple, le niveau de formation des femmes. Il a certes augmenté, mais aujourd'hui, les femmes abandonnent souvent après leur formation. Dans les secteurs où il faut être présente à plus de 100% pour avancer, elles restent soit dans des positions inintéressantes ou elles préfèrent s'occuper de leur famille. (Il y a par exemple 60% d'avocates stagiaires, mais plus que 30% d'avocates.) Il faut dire qu'on ne leur facilite pas toujours la vie: les temps partiels ne courent pas les rues, et engager une femme en âge de procréer est toujours un risque, elle pourrait avoir l'idée incongrue de vouloir un enfant et prendre un congé maternité. Au retour duquel il arrive qu'on lui fasse gentiment comprendre qu'elle n'a plus sa place dans l'entreprise. En déménageant son bureau dans le coin entre la porte et la photocopieuse (situation vécue par une femme que je connais), en lui proposant un nouveau poste, moins intéressant, dans l'entreprise (forcément, après quatre mois d'absence, il ne faut pas s'attendre à un accueil chaleureux), ou en lui expliquant tout simplement qu'elle est licenciée pour raisons économiques maintenant que son congé maternité est terminé. On manque de places de crèche, comment faire garder son enfant et travailler en même temps? L'homme a souvent un travail plus qualifié et mieux payé que la femme, ce qui rend le calcul rapide à faire. Si l'un des deux doit arrêter de travailler, ce sera la femme. Et ne nous leurrons pas, un homme qui voudra baisser son taux d'activité se verra rire au nez ou se mettre au placard rapidement, surtout s'il a un poste à responsabilités. (Tiens, à ce niveau, il y aurait une certaine égalité...)
Ironie du sort, me direz-vous, qu'une femme au foyer vous parle des droits des femmes. Non, vous répondrai-je. Je fais partie des femmes dont la mère s'est battue pour se faire une place dans un monde d'homme ("Gynécologue, Madame? Quelle idée, c'est un métier d'homme, les femmes n'y comprennent rien et c'est trop dur pour une femme"), qui a réussi, et a même eu un peu de temps pour la famille, les mercredis après-midi. Mais elle est passée à côté d'autres choses que pour ma part je ne voulais pas manquer. J'ai coûté de l'argent à la société en faisant des études, mais j'ai aussi travaillé pendant plus de dix ans (souvent à temps partiel, soit, études obligeaient) avant de m'occuper de mes enfants, j'ai investi du temps et de l'énergie dans l'action sociale durant mes "années actives". Je reste persuadée que ce que la société a investi dans ma formation, je le lui rends, d'une manière ou d'une autre. En éduquant mes enfants, en m'engageant, en reprenant un jour un travail dans mon domaine que j'espère intéressant, même si les chances sont petites (de trouver un travail intéressant dans mon domaine, pas de trouver du travail, ni peut-être de trouver une activité intéressante).
Ce n'est qu'une petite bafouille, mais c'est ma contribution (rapide, et peu fouillée, essayez donc d'écrire une article pendant plus de vingt minutes avec des enfants en bas âge dans les pattes...) de ce jour...