mercredi 30 avril 2008

Les pieds dans l'herbe

Samedi dernier, au jardin botanique.

Nous nous sommes installés dans l'herbe tous les trois, je t'ai enlevé tes petites chaussettes et tu as pour la première fois découvert sous tes pieds ces brindilles vertes que nous appelons herbe. Sa fraîcheur, l'humidité de la terre, les petits chatouillis quand on se laisse caresser pas les brins d'herbe...

jeudi 10 avril 2008

Vivre ici

Toute cette semaine, la radio et la télévision de notre beau pays qu'est la Suisse se sont intéressés à l'intégration.
Pour celles et ceux qui sont venus d'ailleurs ou qui sont nés Suisse avec des racines d'ailleurs, voici une belle page de témoignages: www.vivreici.ch

D'ici mais pas vraiment d'ici, pas vraiment à la maison dans mon pays d'origine non plus, c'est un mélange aigre-doux que l'intégration dans ce pays... Se fera-t-elle jamais totalement dans mon cas? J'ai voulu faire l'exercice en répondant aux questions posées à des personnalités "Suisses pas Suisses".

Ce qui me relie à la Suisse:
La connaissance de ces institutions, des conventions, de la manière de vivre ici.

Un souvenir de mon arrivée en Suisse:
J'y suis née, mais je ne suis arrivée en Suisse que quand j'ai commencé des études de droit à Berne à vingt ans. Ca a été le choc. Jamais je n'avais vraiment vécu en Suisse (culturellement parlant du moins) et encore moins en Suisse alémanique. J'ai découvert, par exemple, qu'il existait un couteau spécial pour couper la raclette... Avant, je vivais sur deux îles: celle de la diaspora Hongroise en Suisse (stabilité culturelle pour moi) et celle des francophones à Berne (milieu multiculturel à l'école grâce à mes copains enfants de diplomates). Ce qui me rappelle un souvenir plus ancien, celui d'un enfant qui, au Marzili, nous insultait avec sa comptine: "d Franzose mit de gälbe Hose und de rote Fincke, pfui die stincke".

Ce qui me fait me sentir étranger en Suisse:
La réaction des gens quand je dis mon nom de famille et qui me rappelle toujours que je ne suis pas d'ici. Le fait que je ne comprenne toujours pas la manière de fonctionner d'une partie de la population Suisse (alémanique surtout). Je comprends, avec mon intellect, mais je ne saisis pas les nuances, suis surprise à chaque fois alors que je "devrais savoir"...

Ce qui me fait sentir Suisse:
Franchement, je ne sais pas. La connaissance des institutions, des conventions, de la manière de vivre ici? Je ne me sens pas vraiment Suisse, peut-être aussi parce que le Suisse se définit par son canton et qu'une chose comme "la Suisse" n'existe que dans ses institutions.

Trois valeurs Suisses:
La ponctualité (même si les CFF n'arrivent pas toujours à l'heure), le fédéralisme, la précision.

Trois valeurs étrangères à la Suisse:
La spontanéité (essayez de passer à l'improviste chez des copains Suisses...), la prise de risque, le "non sérieux".
Mais je ne veux pas généraliser.

Est-ce que j'envisage de quitter la Suisse?
Oui, régulièrement, tout en sachant que ce n'est pas forcément mieux ailleurs et que je ne me sentirai pas plus enracinée qu'ici.
Mes racines sont celles que je construis avec ma famille et ma maison est celle où nous vivons ensemble, ici ou ailleurs.

En guise de conclusion:
J'ai un rapport très ambivalent à la Suisse, je m'y sens bien, je la connais, et en même temps, je ne la connais pas et je n'y suis pas entièrement à la maison... Le sort des déracinés? Heureusement qu'on peut s'enraciner dans autre chose qu'un lieu, un pays, une culture locale...

Influencée par ma propre histoire, j'ai surtout visionné les témoignages de personnalités Suisses d'origine étrangère. Des gens bien établis ici, présentateurs radio ou télé, politiciens. Voici quelques personnes qui se sont prêtées au jeu: Michèle Durand-Vallade, Esther Mamarbachi, Lydia Gabor, Darius Rochebin, Massimo Lorenzi, Fathi Derder, Sonia Zoran, Antonio Hodgers, Ricardo Lumengo, Josef Zisyadis, Jacques Neirynck. Ca vaut le coup d'écouter leurs témoignages!