lundi 30 avril 2012

Voyages dans mon enfance

Une maison (ou plutôt deux), une rue, un village. Dans mon enfance, nous allions régulièrement chez ma tante pendant les vacances. Nous dormions chez elle, sa maison était plus grande et plus confortable que celle de ma grand-mère, qui n'avait qu'un robinet d'eau froide à la cuisine et les toilettes dans la cour. Très effrayantes, les toilettes dans la cour, avec le chien qui aboyait,  pour la petite citadine que j'étais. Mais le matin, j'aimais aller chez elle, un peu plus bas, de l'autre côté de la rue, pour manger de la semoule au lait et au sucre, un vrai régal.

Un peu plus bas, au bout de la rue, la place du village, le magasin de mon grand-père, le supermarché, plus loin encore le grand magasin où travaillait ma tante, puis le kiosque à graines de tournesol et le vendeur de glaces.

Le cinéma, le parc avec l'église, sa grande cure et les visites chez le pasteur dont la femme sentait bizarre (toujours dans mes souvenirs de petite fille). Bonjour par-ci, bonjour par-là, un cousin ici, une grande-tante là. Le village était petit, les rues aussi.

Trente ans plus tard, tout y est, ou presque. La maison de ma tante, où je retourne maintenant avec mes fils - un jour j'y emmènerai aussi mon mari, on a failli y arriver cette année. Maison qui n'a pas changée et où je suis souvent retournée, enfant mais aussi jeune adulte, quand je "rentrais pour le week-end" comme mes potes qui étudiaient avec moi à Budapest. La maison de ma grand-mère, qui est toujours là mais n'appartient plus à la famille. L'année dernière, j'ai vu un bus garé dans la cour. Un bus. Chez ma grand-mère. Le supermarché se situe toujours au même endroit, même s'il a plusieurs fois changé d'enseigne entre temps. Aujourd'hui, on y trouve de nouveau de tout ou presque. Pas comme à la fin de la guerre, quand je venais il y a quinze ans et que les étals étaient quasi vides. A la place du magasin de ma tante, un gros trou. Mais le vendeur de graines et le glacier sont encore là et la glace à la vanille a toujours le même goût. Et dans le parc, une belle place de jeux qui n'existait pas quand j'étais petite.

Les rues sont les mêmes, rien n'a changé, ou presque. Rien n'a changé en trente ans. Et tout a changé en si peu de temps. Le pays a vécu une guerre, les gens ont connu la misère mais ont continué à marcher. Aujourd'hui, le bilan n'est pas rose.

Rien n'a changé. Ou peut-être si? Il y a trente ans, les livreurs en tout genre n'utilisaient pas des voitures tirées par des chevaux.

Je suis contente de pouvoir montrer une vie un peu différente à mes fils, et aussi de partager avec eux des souvenirs d'enfance. Pour l'instant, ils ne voient pas les différences, seulement la famille, les animaux, les jeux, le bonheur d'être en vacances. Souvenirs d'enfance...


vendredi 27 avril 2012

Broderie - Hímzés


Pendant les vacances, j'ai visité une exposition de broderies et autres activités manuelles au village de ma tante. Il y avait de magnifiques ouvrages folkloriques - bien sûr, il faut aimer le genre mais on peut tout de même admirer la précision du travail. J'ai beaucoup pensé à mes copinautes que vous trouverez ici.

Bácskossuthfalván tartották a 42. Nemzetközi Kézimunka és Gyűjtemény Kiállitást, éppen amikor én is ott voltam. Gyönyörű dolgokat lehetett látni, íme egy kis ízesitő:

En voici quelques photos:









Et l'arche de Noé!

Noé barkája is odatalált!










J'ai craqué et acheté quelques modèles traditionnels que je broderai peut-être d'ici que je sois vraiment âgée...

Hát én is bevásároltam, ilyen mintákat itthon nem találok. Na de mikor fogom kihímezni?



Mais pour commencer, je voudrais faire ceci:
De kezdjük szépen, lassan, ezzel:




Vous trouverez les détails ici. Itt találjátok meg.

jeudi 26 avril 2012

Pâques - Húsvét

Cet année, les enfants ont eu une fête de Pâques hongroise. D'abord, une journée à bricoler des choses et à se préparer dans le cadre de l'école hongroise, ce qui implique la tradition de la comptine et des garçons qui arrosent les filles à coup d'eau de cologne ou de sceaux d'eau. Dans notre cas, c'était des gouttes d'eau gentiment secouées sur les filles.

Az idén igen magyaros Húsvétot tartottunk. Először is húsvéti barkácsoláson vettünk részt a magyar ovi keretében. Volt tojásfestés, kosárka készítés és sok minden más, a locsolást nem kifelejtve!




Dimanche de Pâques, nous étions chez ma tante. Nous n'avons pas accompagné mon oncle à l'Eglise, ce sera pour une autre fois (Eglise froide, long culte en hongrois, pas de garderie... Je ne vous fais pas de dessin.) Par contre, les enfants ont préparé les nids pour le lapin, à chaque enfant un nid dans la pelouse. Juste à temps! A peine le dos tourné, le lapin était arrivé avec de très beaux cadeaux.

Húsvétkor pedig a nagynénémnél voltunk és a gyereket készítettek nyusifészket... Na, a nyuszi megis találta!







Le lundi, c'était tournée d'eau de cologne. Les garçons n'ont pas osé aller faire le tour de la famille et des amis, mais ils ont envoyé un petit pschiiiiiiiiiiiit sur maman et Ágimama, qui leur a même donné plein de sous. Quelle belle tradition, qui leur a permis d'aller s'acheter plein de DVD de dessins animés en hongrois, le bonheur à l'état pur!

Húsvét hétfőn locsolás! A fiúk meglocsolták anyut meg Ágimamát, a többi rokonokhoz már nem mertek elmenni. Sebaj, Ágimamától még locsolópénzt is kaptak, amin aztán egy csomó meseDVD-t vettek. Ha ez nem szép élet, akkor nem tudom mi!

jeudi 19 avril 2012

Différences... Ou non?

A Genève, une employé de supermarché touche un salaire de 3’600.- francs suisses (2’995 euros). Dans le village de ma tante, en Serbie, ma belle-soeur touche  entre 14’000 et 15’000 dinar (soit 140 euros).

Une boule de glace coûte 3fs50 à Genève, le paquet de couches le moins cher 12fs. Un paquet de cigarettes, autour de 6fs50, disons deux boules de glaces. Une caissière pourrait acheter 300 paquets de couches avec son salaire. 

Au supermarché du village qu'habite ma tante, j’ai acheté un paquet de couches en promotion pour 1’200 dinar (1’600 au prix normal). La boule de glace coûte 30 dinar. Le paquet de cigarettes est à 100 dinar, un peu plus de trois boules de glace. La caissière, ici, n’achète que 16.8 paquets de couches avec son salaire mensuel. 

La caissière que je connais, dans ce village de Serbie, arrive à faire vivre sa famille (deux adultes, deux enfants) avec son salaire, tant bien que mal. Moyennant le fait qu’elle n’a pas de loyer à payer, que, souvent, la famille mange chez les grand-parents, que ceux-ci leur fournissent fruits et légumes en été, et aussi les oeufs et la volaille. Qu’ils leurs donnent du bois en hiver, quand eux n’en ont plus. Et qu’ils payent des choses pour les enfants, comme les fournitures scolaires, les excursions, parfois une paire de chaussures. Quand les grands-parents ne pourront plus cultiver de potager et qu’ils n’auront plus de réserves, je ne sais pas comment fera cette famille. 

La caissière à Genève, je ne la connais pas personnellement. J’ai une amie femme de ménage qui gagne juste un peu plus qu’une caissière, et qui s’en sort plutôt bien, mais elle est seule avec son fils. Je doute fort qu’avec le même salaire, elle pourrait subvenir aux besoins d’une famille de quatre personnes. 

Les situations sont difficilement comparables, les conditions de vie très différentes. Quoiqu’on en dise, le confort est plus grand en Suisse qu’en Serbie... Mais ce qui relie les deux situations, c’est qu’en Suisse aussi, avec un salaire de caissière comme seul revenu, une famille de quatre vit dans la misère. Et que dans les deux cas, les familles souffrent de leur situation.

Paroles d'adolescent

C’est un adolescent de seize ans, il veut arriver à quelque chose dans la vie, dit-il. Il ne veut pas vivre comme ses parents, qui l’ont eu trop jeunes, ils avaient à peine dix-neuf ans. Sa mère n’a pas terminé sa formation, voulant rester à la maison avec son enfant. Elle lui a donné tout son amour, l’a nourri, habillé, soigné, accompagné sur son chemin de vie. Aujourd’hui elle travaille au supermarché du village, pour un salaire de misère. Mais au moins elle cotise pour la retraite qu’elle ne touchera pas, mais elle et les enfants ont une assurance maladie. Elle a un travail, c’est déjà ça. Mais elle travaille dur, est fatiguée quand elle rentre, sa pauvre mère. Son père, lui, n’a pas de travail. Il fait le taxi, parfois, quand quelqu’un a besoin d’aller en ville. Ca lui permet de gagner un peu d’argent, mais très peu, le prix de deux ou trois paquets de cigarettes. Le reste du temps, il aide les grands-parents, ses parents, à faire les tâches qui deviennent difficiles pour eux avec l’âge.

Lui, il va à l’école dans une petite ville à quelque kilomètres de chez lui. Ses parents ont à peine de quoi lui payer l’abonnement de bus et le sandwich pour le repas. Ca craint, de ne pas s’acheter à manger au buffet de l’école, les copains, eux, achètent leur déjeuner là-bas. Mais ça mère lui a dit que ça craignait ou non, c’était comme ça. Ses fournitures/cahiers d’école, se sont ces grands-parents qui les lui achètent. Quand il rentre de l’école, il s’arrête chez eux, leur raconte sa journée, mange quelque chose et rentre chez lui. Son petit frère aussi mange chez ses grands-parents. Même sa mère, souvent, en rentrant du magasin.

Son école ressemble à une école de commerce en Suisse. Il n’aura pas de bac, mais son diplôme lui permettra de faire les études de droit international qu’il voudrait, s’il trouve une bourse d’ici-là et s’il peut aller vivre dans la ville universitaire la plus proche. Et s’il ne peut pas aller à l’uni, il trouvera un travail de bureau, à la douane ou chez la police, ou dans un autre bureau d’Etat. Il ne veut pas de travail physique qui fatigue trop et ne nourrit pas assez. 

Il est amoureux, comme on est amoureux à seize ans. Il n’entend pas ce qu’on lui dit, plongé dans le message qu’il écrit à sa dulcinée. Elle est jolie, peut-être même me montrera-t-il sa photo sur facebook. Mais qu’on ne s’en fasse pas, explique-t-il, il ne va pas faire comme ses parents. Il est juste un peu amoureux, il n’a pas le temps pour une copine, vraiment. Juste un peu. Il veut terminer sa formation, il veut avoir une vie meilleure. 

Il aime son village, sa terre natale. Mais s’il devenait avocat, ce serait mieux d’aller s’établir en ville, ce n’est pas très loin, à une heure de route, il serait proche du village tout de même. 

Lui, c’est mon neveux. Un adolescent de seize ans bien sérieux. Il a des plans pour sa vie, m’explique-t-il. J’espère de tout coeur qu’il arrivera à ce qu’il veut.