lundi 24 novembre 2008

Entre deux

Nous sommes une famille de frontaliers, voici une forme on ne peut plus officielle d'entre deux!

Comment cela se manifeste-t-il? Nous vivons en France, Guillaume travaille à Genève. Il traverse tous les jours la frontière, qui est une ligne imaginaire sur une route de campagne entre Collonges-sous-Salève et la Croix de Rozon...
Techniquement, c’est Guillaume qui est frontalier, moi je ne suis que compagne de frontalier, et plus Française que lui (la preuve, j’aiiiiiiiiime râler)… Et Guillaume devient plus Suisse que moi (lui savait quelles votations avaient été annulées 13 jours avant la date prévue à Genève, moi non.)
Pour ma part, j’écoute tour à tour la RSR (toujours la première, bien sûr) et France Inter, mais malheureusement nous n’avons plus la télévision suisse (mis à part les émissions que l’on peut visionner par internet), j’ai toujours des francs suisses et des euros dans mon porte-monnaie, j’ai des cartes bancaires dans les deux pays et les deux monnaies, je fais mes courses en France (plus) ou en Suisse (moins), selon ce que j’ai à faire ou à acheter, et alors la meilleure pour les fans de la MIGROS (amis Français n’habitant pas le 74, je vous expliquerai un jour…), il y en a une à Étrembières (avec, ô grand luxe, des produits Migros , Cora et des produits de marque) et qui plus est, les points cumulus et autres bons d’achats sont valables dans les deux pays et recalculés directement par la caisse enregistreuse… Nous continuons à aller chez le pédiatre à Carouge (c'est plus près qu'Annemasse et en plus c'est très difficile de trouver un pédiatre dans le département, les listes d'attente sont longues), notre (future) assurance maladie (privée française) couvre les frais de la LAMAL en Suisse et ceux de la sécu et d'une assurance privée en France. Je dis tout naturellement soixante-dix en France et septante en Suisse...

En hongrois, il existe deux manières de dire « à la maison », « itthon » (utilisé quand le locuteur y est, littéralement « ici à la maison ») et « otthon » (utilisé quand le locuteur n’y est pas et vous l’aurez deviné, littéralement, « là bas à la maison »). J’aime beaucoup cette expression, parce qu’elle résume bien la situation de l’émigré, qui est à la maison et dans son pays de vie et dans son pays d’origine. C'est ce que je commence à ressentir par rapport à la France et à la Suisse.

Et la Hongrie dans tout cela? J'y viens.

Bizarrement, je ne sens rassurée de vivre en France, qui me semble plus facile à gérer que la Suisse au niveau identitaire. Je m’explique : pour la petite Hongroise que je suis, avec une forte conscience historique et culturelle de son pays, la France est, à un certain niveau, plus facile à comprendre parce qu’elle a son côté "grande nation".

Pour moi, l’identification à la Suisse a toujours été difficile parce que la Suisse n’est pas un simple pays, avec un système centralisé, mais une confédération de 23(26) pays différents si vous voulez… Genevoise sur papier, ayant grandit à Berne, principalement au sein de la communauté hongroise mais aussi dans un univers scolaire très international (qui plus est francophone dans une ville alémanique) quelle était ma place dans le pays ? C’est une question que je n’ai cessé de me poser, pour y répondre par la place prise dans ma famille spirituelle, la paroisse réformée française de Berne

Mais les multiples facettes de la Suisse, c’est aussi ce qui fait que je l’aime (si, si, je l’aime, ma Suisse, on s’y attache vous savez…)

Reste que la France, je l’ai toujours écoutée, vue, lue. Sa littérature, ses chansons, ses films, sa politique. Je connais mieux les paroles de l’hymne national français que celles du cantique suisse. Mais celui que je connais le mieux et qui me fait vibrer, c'est l'hymne national hongrois.

Je reste très attachée à mes origines, mais d'une manière plus sereine et moins nostalgique. La Hongrie, je la vis à ma manière, dans mes contacts avec ma famille et mes amis hongrois. Et je la transmets à Nathanaël. Le petit bout d'homme entend le français et le hongrois à la maison, il aime les comptines et chansons pour enfants hongroises ainsi que son seul disque de Henri Dès (qui, petite note pour mes amis français, est Suisse!), lit des livres en hongrois et en français. Il rencontrera pour la deuxième fois ces cousins hongrois ce Noël et je m'en réjouis. L'élever en France, c'est l'élever dans la culture d'au moins un de ses parents tout en lui permettant aussi de vivre l'autre, ne serait-ce qu'à la maison et dans les rencontres avec sa grand-mère, ses cousins, ses tantes et oncles. La Suisse, il la vivra aussi toujours, une partie de sa famille y vit!

J'espère pouvoir transmettre toute la richesse des identités multiples à mon fils dans la sérénité que je commence à ressentir. Quant à savoir comment lui vivra l'entre deux, il vous en parlera peut-être dans quelques années...

mercredi 5 novembre 2008

Mi Blanca




Cuando te veo, yo sonrío. Cuando me das un beso, yo me río.
















Te quiero mucho!

L'actualité du jour

Les États-Unis n'étaient pas prêts à élire une femme à la présidence du pays, mais ils étaient prêts à élire un noir américain en la personne de Barack Obama. L'espoir d'un changement a porté ses fruits et ce n'est que le début, car c'est bien leur espoir que les électeurs mettent en Obama. Sur le blog officiel du nouveau président, on peut lire: Thank you. Change can happen.

Quant à savoir si cela changera fondamentalement quelque chose dans les rapports des États-Unis avec les pays de l'ancien continent.... Je me permets de rester dubitative.

J'aimerais profiter pour rappeler un autre grand moment, de politique suisse cette fois-ci (oui, oui, je sais, je vis en France, mais la Suisse n'est pas bien loin...): l'élection de Ricardo Lumengo au Conseil National (chambre basse Suisse) l'année passée. C'est le premier politicien d'origine africaine à accéder à une fonction au niveau national en Suisse.

Vous trouvez que je fais de la récupération facile? Moi, je trouve que toutes les occasions sont bonnes pour partager les signes d'espoir...

Bravo en tout cas au nouveau président des États-Unis, et bravo à ceux qui l'ont élu!