mardi 8 mars 2011

Journée internationale de la femme

Aujourd'hui, c'est la journée des femmes. Dans la danse des journées internationales, avons-nous encore le temps de nous arrêter sur l'une ou l'autre des causes qu'elles invitent à défendre? Loin de la question rhétorique, c'est une vraie interrogation. Mais je ne tenterai pas d'y répondre aujourd'hui, je me concentrerai sur les femmes. Je ne vais pas soulever toutes les souffrances des femmes de par le monde, et Dieu sait s'il y en a, dans des pays proches ou lointains du mien, des miens.

Prenons la Suisse (dont je connais mieux les statistiques que celles de la France): les femmes ont leur place dans la société, alors pourquoi s'agiter? Parce qu'il y a encore des choses à améliorer, comme par exemple les salaires. A travail égal, en Suisse, les femmes touchent encore en moyenne 19% de salaire en moins que les hommes. 19%, c'est énorme. Sachant que certains employeurs appliquent l'égalité des salaires, je vous laisse imaginer l'écart dans certains secteurs. Autre exemple, le niveau de formation des femmes. Il a certes augmenté, mais aujourd'hui, les femmes abandonnent souvent après leur formation. Dans les secteurs où il faut être présente à plus de 100% pour avancer, elles restent soit dans des positions inintéressantes ou elles préfèrent s'occuper de leur famille. (Il y a par exemple 60% d'avocates stagiaires, mais plus que 30% d'avocates.) Il faut dire qu'on ne leur facilite pas toujours la vie: les temps partiels ne courent pas les rues, et engager une femme en âge de procréer est toujours un risque, elle pourrait avoir l'idée incongrue de vouloir un enfant et prendre un congé maternité. Au retour duquel il arrive qu'on lui fasse gentiment comprendre qu'elle n'a plus sa place dans l'entreprise. En déménageant son bureau dans le coin entre la porte et la photocopieuse (situation vécue par une femme que je connais), en lui proposant un nouveau poste, moins intéressant, dans l'entreprise (forcément, après quatre mois d'absence, il ne faut pas s'attendre à un accueil chaleureux), ou en lui expliquant tout simplement qu'elle est licenciée pour raisons économiques maintenant que son congé maternité est terminé. On manque de places de crèche, comment faire garder son enfant et travailler en même temps? L'homme a souvent un travail plus qualifié et mieux payé que la femme, ce qui rend le calcul rapide à faire. Si l'un des deux doit arrêter de travailler, ce sera la femme. Et ne nous leurrons pas, un homme qui voudra baisser son taux d'activité se verra rire au nez ou se mettre au placard rapidement, surtout s'il a un poste à responsabilités. (Tiens, à ce niveau, il y aurait une certaine égalité...)

Ironie du sort, me direz-vous, qu'une femme au foyer vous parle des droits des femmes. Non, vous répondrai-je. Je fais partie des femmes dont la mère s'est battue pour se faire une place dans un monde d'homme ("Gynécologue, Madame? Quelle idée, c'est un métier d'homme, les femmes n'y comprennent rien et c'est trop dur pour une femme"), qui a réussi, et a même eu un peu de temps pour la famille, les mercredis après-midi. Mais elle est passée à côté d'autres choses que pour ma part je ne voulais pas manquer. J'ai coûté de l'argent à la société en faisant des études, mais j'ai aussi travaillé pendant plus de dix ans (souvent à temps partiel, soit, études obligeaient) avant de m'occuper de mes enfants, j'ai investi du temps et de l'énergie dans l'action sociale durant mes "années actives". Je reste persuadée que ce que la société a investi dans ma formation, je le lui rends, d'une manière ou d'une autre. En éduquant mes enfants, en m'engageant, en reprenant un jour un travail dans mon domaine que j'espère intéressant, même si les chances sont petites (de trouver un travail intéressant dans mon domaine, pas de trouver du travail, ni peut-être de trouver une activité intéressante).

Ce n'est qu'une petite bafouille, mais c'est ma contribution (rapide, et peu fouillée, essayez donc d'écrire une article pendant plus de vingt minutes avec des enfants en bas âge dans les pattes...) de ce jour...

3 commentaires:

kat a dit…

Les droits des femmes, c'est aussi le droit au respect et à la considération, loin des "Tu n'as pas le droit d'avoir d'avis sur la question, tu es une femme.", "De toute manière, tu ne comprends rien à rien." "Tu dois être de mon avis" et autres humiliations du genre sous prétexte qu'on est une femme.
Et non, ceci n'est pas un cri du coeur contre mon mari, bien au contraire!

fmr a dit…

Et dire que l'on incite la femme à faire des enfants, et oui c'est important, ça assure l'avenir d'un pays! C'est beau etre une femme qui va donner la vie, faites des enfants! Et résultat ces femmes là, dont je fais aussi partie, ne sont ni reconnues dans ce qu'elle font -l'éducation ce n'est pas rien...- ni meme valorisées -"profession de la mère: néant...-.Quand la femme sera aussi payé pour éduquer et faire grandir la future génération, alors là oui on pourra commencer à parler de la Femme. Et à ceux qui disent qu'il est normal d'éduquer ses enfants, allez donc voir ce qui se passe en ce moment avec les enfants non-eduqués, parents ou pas à la maison mais démissionnaires... Eduquer un enfant, lui donner des valeurs, le porter vers l'avant, le soutenir, être là dès qu'il en a besoin, c'est un métier à part entière...
Il faut donner aux enfants des ailes pour les voir s'envoler d'eux-mêmes et des racines pour les voir ancrés et stables...

Archange a dit…

Qu'il y ait une différence énorme entre les salaires est évidemment condamnable, on est tous d'accord. Encore que je me méfie un peu des statistiques (tout le temps, pas uniquement dans ce cas là), en France d'après un blog qui a de l'influence sur cette question d'égalité c'est carrément 27% de différence, ca me parait énorme, il faut voir comment ces chiffres sont calculés. Non pas que je les remette en cause ni même la propension générale que les femmes soient moins payés, c'est juste que dans mon corps de métier et dans celui des gens que je connais je n'ai pas vu ca. Certes on ne connait pas non plus tous les salaires de tout le monde et je ne m'érige pas en statisticien.

Le combat pour la reconnaissance des femmes au foyer est un problème persistant et on se demande franchement si l'ancien système très (trop) sexué avec les hommes qui travaillent à l'extérieur du foyer et les femmes qui travaillent à l'intérieur était si déconnant que ca. Maintenant tout le monde travaille à l'extérieur, vous remarquerez que l'essentiel de la population n'est pas plus riche et ca pose d'énormes problèmes de gestion des enfants et de l'éducation.

Cela n'empêche qu'on ne résoudra pas le pb en jouant sur les mots : si on lit la définition du mot métier, c'est une activité lucrative, certes on peut considérer qu'il faudrait en faire une activité lucrative - c'est d'ailleurs comme cela que je fais avec agnès mais on peut se le permettre parce que j'ai un salaire suffisant pour clarifier qu'elle ait un "salaire" par mois : cad de l'argent "à elle" d'un côté en plus de l'argent "à nous" auquel elle participe elle-même avec le sien.
Ca me parait difficilement possible pour des gens qui ont des bas salaires et de financer cela par l'état directement (un vrai salaire pas uniquement les quelques avantages donnés par la fiscalité) semble difficile. Pourquoi pas peut être, ca permettrait au moins de niveler les différences (entre sexe mais surtout entre pauvres et plus riches) mais dans un monde capitaliste cela parait mal barré, surtout que pour être à peu près égalitaire il faudrait un budget important, si c'est pour inventer un "salaire" de 1500 CHF par mois ce serait insultant.

J'en reviens à l'ancien système qui n'a clairement pas que des bons côtés mais en plusieurs siècles j'espère qu'on a quand même avancé sur beaucoup de points (rapport homme/femme). Sur celui du travail franchement j'ai des doutes. Que les femmes puissent travailler est une évidence. Que les deux parents (avec enfants) soient obligés de travailler pour survivre de plus en plus avec peine et à coup de crédits me gêne. Ca pose des pbs d'éducation des enfants, des pbs de gestion (école à différentes heures), des pbs de santé (parents exténués, santé mentale etc...).

Valoriser le temps passé à l'éducation des enfants (et de gestion du foyer : pas uniquement des tâches ménagères, souvent la comptabilité, planning etc...) en tant qu'activité (et pas forcément "métier") me parait important, y compris sur un CV. Cad pas forcément complètement oublié ou sur une ligne "mère au foyer" mais avec un résumé des tâches comme on le fait pour n'importequelle activité "professionnelle" (en charge de x,y z). Et cela devrait être sinon plus reconnu, moins "tabou"/vu comme source à problème par les recruteurs. C'est déjà le cas pour les femmes qui ont soi disant un "trou" de 3 ans dans leur CV mais alors imaginez pour les hommes... J'ai même eu le cas avec un de mes candidats la semaine dernière, il avait un trou dans son CV (rien d'indiqué) et n'a pas osé me dire ce qu'il avait fait, puis je me suis rappelé qu'il avait 3 enfants et que sa femme a un boulot prenant.