jeudi 19 novembre 2015

Il est vrai

Il est vrai que je suis particulièrement touchée quand un petit commerçant d'une commune voisine se fait braquer.
Il est vrai que je suis plus ébranlée par des attentats terroristes se passant dans le pays que j'habite que par ceux perpétrés dans un pays lointain.
Il est vrai que je pense en premier aux amis que j'ai à Paris, et seulement ensuite aux autres Parisiens.
Il est vrai que les miradors entre l'Autriche et la Hongrie m'angoissaient plus que ceux d'autres pays.
Il est vrai que la surveillance soviétique m'inquiétait plus qu'une autre, mon père relisant toute lettre que l'adolescente que j'étais écrivait à la famille derrière le rideau de fer.
Il est vrai que que la guerre en (ex-)Yougoslavie m'avait particulièrement préoccupée, pouvant entendre les tirs du front entre la Serbie et la Croatie quand j'étais chez ma tante.
Il est vrai que je me faisais du souci pour les copains qui faisaient leur service militaire dans un pays qui n'était pas totalement le leur, pris dans un conflit qui n'était pas le leur non plus, beaucoup plus que pour des soldats d'autres pays.
Il est vrai que je suis plus attentive aux événements dans les pays dont sont originaires mes amis et me collègues qu'aux actualités dans les pays avec lesquels je n'ai pas de lien particulier.
Il est vrai que je suis touchée par les choses qui sont proches de moi, de ma vie, de mon quotidien. C'est humain.
Mais il est vrai aussi que je ce qui est humain me touche, par ce lien qui nous relie tous les uns aux autres.
Il est vrai qu'à chaque attentat je suis choquée. Que ce soit à Beyrouth, Bagdad ou Nairobi.
Il est vrai que ma gorge se noue quand je pense à ces parents qui sont prêts à embarquer leur famille sur un bateau surchargé pour traverser une mer inconnue dans l'espoir d'une vie possible.
Il est vrai qu'à chaque éboulement, chaque inondation je dois retenir mes larmes en pensant aux victimes, que ce soit en France ou au Brésil.
Il est vrai qu'à toute mobilisation je pense aux femmes, aux parents, aux amis en souci pour ces êtres aimés partant en guerre.
Il est vrai que quand j'entends parler d'un viol, mon corps se crispe.
Il est vrai que quand je vois des actes de violence physique, je suis paralysée de désespoir.
Il est vrai que la violence verbale me révolte.
Il est vrai que l'injustice me donne envie d'agir.
Il est vrai que la vie m'est chère, autant la mienne que la tienne.
Oui, toi. Qui que tu sois.