jeudi 1 septembre 2011

Avec un peu de retard

Les quatre billets qui suivent ont été écrits en juin, alors que j'étais en vacances chez ma tante et déconnectée d'internet. J'ai mis quelques temps à les publier, ayant été prise dans le rythme quotidien, n'ayant pas fait de sauvegarde générale de mon ordinateur et bien sûr tué ma carte mère (qui Apple soit loué a été remplacée sans perte de documents), puis reprise dans mon quotidien, fatiguée le soir pour m'occuper de mon blog, etc. les excuses sont nombreuses.

Voici donc quelques billets nouveaux pas si nouveaux que ça! (Pour anticiper vos questions: non, je n'ai toujours pas fait la fameuse sauvegarde et non, je n'arrive pas à m'octroyer du temps pour écrire chaque jour.)

Je comprends mieux

... ces parents qui secouent leurs enfants, les jettent contre le mur dans un élan de rage ou les étouffent sous un oreiller. Pas que je comprenne qu’un parent puisse faire du mal à son enfant, mais je comprends qu’on puisse être excédé. On ne le dit pas assez souvent ni assez haut, élever des enfants n’est pas facile. Que vous passiez la journée avec eux ou que vous les retrouviez le soir après une journée de travail, il faut garder patience, être à l’écoute, comprendre que l’enfant est fatigué, etc.
Oui mais, vous aussi, parents, vous êtes fatigués, de mauvaise humeur, avez mal à la tête, ou avez passé une mauvaise journée. Les pleurs (ou les cris, c’est selon) de vos enfants vous tapent sur le système, tout autant que le fait qu’ils soient trop fatigués pour manger. Vous voudriez avoir un moment pour vous poser calmement, souffler un peu, ne penser à rien.
On ne le dit pas assez souvent, et on n’ose pas le dire tout haut: parfois, nous en avons marre de nos enfants. Parfois nous voudrions juste souffler un peu. Parfois, nous aurions envie de les laisser se débrouiller tout seuls. Ou même, parfois nous aurions envie de les jeter par la fenêtre. C’est une façon de parler, certes. Mais qui n’y a pas pensé, au moins une fois? Que celui-là jette la première pierre.
J’ai travaillé comme éducatrice spécialisée dans des conditions parfois difficiles. Mais nous avions des collègues à qui parler ou qui prenaient le relais si l’un de nous avait besoin de cinq minutes pour reprendre un peu son souffle, revenir à un rythme de respiration normal. Nous avions des supervisions, un endroit où nous pouvions déposer nos soucis. Nous rentrions le soir et revenions le lendemain matin, même si la coupure ne servait parfois qu’à dormir. Nous pouvions fermer la porte (ou rentrer chez nos enfants fatigués pour ceux qui en avaient). Nous pouvions aussi dire qu’aujourd’hui untel était insupportable, que nous ne pouvions plus le voir en peinture. Puis c’était reparti pour un tour.
Mais les parents, leur permet-on de dire qu’ils en ont assez de leurs enfants, même si ce n’est que pour quelques minutes et qu’ensuite ils les reprendront dans les bras avec amour? Souvent, les parents se sentent coupables d’avoir ce genre de pensées, parce qu’on dit qu’il ne faut pas être excédé par ses enfants, les enfants sont tout le bonheur du monde, on les a voulu alors on les assume, et autres phrases du genre. Sauf que les parents aussi ne sont que des êtres humains, avec leurs forces et leurs faiblesses et surtout leur limites, alors qu’on les laisse avouer que là c’en est trop. Parce que quand on dit ces choses-là et qu’on se permet d’admettre ses limites, on se sent tout de suite beaucoup mieux. Et soudain, on se rend aussi compte qu’on n’est pas seul au monde.
Ma manière de balancer les enfants par la fenêtre? Je les couche. C’est ce que j’ai fait ce midi quand le petit ne voulait pas manger tellement il était fatigué et que le grand a dit de lui-même qu’il voulait dormir (chose qu’il a démentie une fois arrivé dans la chambre). Ensuite, je me suis assise devant mon ordinateur pour écrire ce billet en attendant que ma tante et mon oncle rentrent et qu’on mange, dans le calme, entre adultes.

- Billet écrit le 19 juin 2011 -

Le sommeil d'une maman

Je suis en vacances chez ma tante, je n’ai pas grand chose à faire, à part m’occuper de mes petits gars. Le soir, je me couche relativement tôt. La nuit, je ne dors pas très bien, mais j’ai tout de même l’impression de me reposer. Je partage la chambre avec le grand, le petit dort dans la chambre à côté de nous. J’ai l’impression de me reposer, disais-je, mais je me rends compte que je me réveille au moins cinq à six fois par nuit. Pourquoi donc? Il m’a fallu trois nuits pour le comprendre (c’est probablement dire mon état de fatigue en arrivant ici): on est à la campagne dans un pays où tout le monde a au moins un chien de garde dans sa cour. Et le chiens, la nuit, aboient. La maman que je suis entend tout, que ce soient les aboiements des chiens ou le caquettement des poules, à l’écoute des pleurs éventuels du petit. Ledit petit qui, l’autre nuit, a pleuré au moins trois fois par heure, mais maman s’était endormie entre minuit et une heure du matin, jusqu’à ce que son oncle entre dans sa chambre (en allumant la lumière bien sûr) pour lui dire que son bébé pleurait. En fait, ledit bébé et le petit chien (pas celui de garde) faisaient un concours d’aboiements, mais ça, les adultes bipèdes que nous sommes ne peuvent pas le comprendre. J’ai donc changé de lit pour celui du petit, laissant le grand dormir et me coinçant à côté du petit qui m’a gentiment réveillé toutes les vingt minutes jusqu’à 3h30 du matin, pour me laisser dormir ensuite jusqu’à 6h30.
La nuit suivante, le petit était tellement fatigué qu’il a dormi d’une traite, ouf. C’était sans compter sur le grand, qui lui s’est réveillé quatre fois, pour boire (la bouteille d’eau est à côté de son lit, mais pourquoi ne pas dire «Maman, j’ai soif» si déjà il est réveillé?), parce que la couverture était tombée («Maman, tu peux t’aider avec la couverture, elle est coincée?»), pour boire encore, pour demander si on peut enfin se réveiller, ...
Le sommeil d’une maman, donc, peut être reposant mais n’est jamais vraiment calme. (Et je sais que plus tard, je ne dormirai pas mieux, mais pour d’autres raisons.)

- Billet écrit le 17 juin 2011 -

Il faudrait écrire

Le billet précédent, ainsi qu’un message d’une amie, me rappelle une chose que je me dis souvent. Il faudrait écrire. Régulièrement est un doux rêve. Plus souvent est plus réaliste mais ne veut rien dire... Plus souvent que disons, une fois par an? Alors, deux? Il faudrait saisir ces moments d’inspiration, ou ne pas oublier tous ces petits moments de la vie quotidienne qui m’inspirent une pensée qu’il faudrait poursuivre, plus tard, quand j’aurais achevé les tâches du jour, couché les enfants, pris un peu de temps avec mon mari et que je ne serais pas tombée de sommeil. Ou alors que je serais prise d’une insomnie.
Avant, je travaillais de nuit sur ce genre de choses. Sur des textes, des analyses, des lectures, des projets paroissiaux, des cours (suivis ou à donner). Avant. Quand je n’avais pas d’enfants. Et que je ne dormais pas la nuit. Que je tenais par je ne sais quel miracle, poussée par une frénésie, un besoin d’avancer, ou peut-être de fuir.
Maintenant, je n’arrive plus à écrire ou travailler de nuit. Sauf ce soir, après cinq soirs lors desquels je me suis couchée vraiment tôt. Ce soir que je me sens un peu reposée, bien que fatiguée physiquement. Ce soir, après une longue discussion avec ma tante, et aussi un instant de lucidité méditative.
Ecrire. Il faut donc écrire. Je me dis souvent qu’il faut écrire. Peu importe quoi en fait. Commencer par écrire, même un quart d’heure par jour. Puis je ne le fais pas. Je me demande comment faisaient ces grands écrivains (qui, soyons honnête, finissaient par devenir fous, étaient en dépression ou asociaux). Ou comment font les écrivains aujourd’hui. Ceux qui écrivent en plus d’avoir un travail qui les fait vivre (oui, parce qu’écrire ne nourrit pas une famille, ne rêvons pas), ou ceux qui enchaînent roman après roman. Ou ceux qui écrivent des textes philosophiques plus ardus. Où trouvent-ils le temps, l’énergie, la rigueur qu’écrire requiert? Ou même l’inspiration, le coup de génie? (Je pense aux paresseux géniaux, ils existent bien, ceux-là.) Le courage de reprendre le travail, de modifier, corriger, effacer, remanier? Celui d’envoyer leurs écrits, d’essuyer des refus? La chance de trouver un éditeur? Une colonne dans un journal?
Je m’égare, il faut commencer par écrire. Ecrire ce soir, ces quelques lignes, jusqu’à ce que mes yeux me disent qu’il est l’heure de me coucher. Demain les enfants se réveilleront, ils seront en pleine forme et ils voudront sortir dans le jardin, aller au marché, voir leurs cousins, les poules, les chiens et le chat, jouer dans le bac (vieille roue de tracteur) à terre jaune qui remplace si bien le sable du parc.
Me relire demain peut-être, publier le billet s’il n’est pas trop mauvais.
Ecrire demain aussi, je l’ai promis.
Jeudi sera un autre jour. Jeudi, nous irons au zoo.

- Billet écrit le 14 juin 2011 -

Ora et labora

Ce n’est pas nouveau: il y a un côté méditatif dans des activités telles que débroussailler son jardin (chose que je n’arrive pas à faire assez longtemps d’affilée pour cause d’enfants en bas âge dans les pattes ou plutôt les mauvaises herbes), faire cuire une confiture (ça, je fais plus facilement), pétrir du pain (ça aussi, il m’arrive de le faire) ou, ma nouvelle occupation (et je demande pardon de faire hurler au moins une personne, mais dans ces billets, je raconte un peu de ma vie, autant assumer mes tares), broder.
O quel doux plaisir de sentir mes pensées suivre leur cours alors que mes doigts prennent un rythme presque mécanique (il faut tout de même compter ses points)! Et c’est là que l’intellectuelle (certes un peu rouillée) que je suis se dit: «quel dommage que je ne puisse pas écrire et broder à la fois, ce serait tellement bien de saisir l’instant et noter mes pensées!» Mon fil m’a entendue et s’est emberlificoté de sorte qu’il y ait un noeud qui m’arrête dans mon élan. Alléluia, l’ordinateur est à portée de main et non enfoui au fond de la valise dans la chambre que je partage avec mon fils aîné (notez que malgré le manque de connexion internet chez ma tante, la geek que je suis est partie avec son ordinateur portable - pourquoi cette chose est-elle appelée portable si on ne se déplace pas avec, pardis), saisissons donc cet instant d’inspiration.
Oui mais. Pour écrire quoi, au juste? Le temps de ranger ma toile, sortir l’ordinateur, ouvrir un document, l’inspiration méditative de la broderie s’en est allée. Envolée, la coquine. Eh oui, la méditation en travaillant ne se laisse pas transposer aussi facilement sur une feuille de papier (certes virtuelle). Ou alors, serait-ce là une invitation à sortir un cahier et une plume, à sentir le papier sous les mots que j’écris...

- Billet écrit le 14 juin 2011 -